(Bien) Réagir face à la douleur

Savoir soulager la douleur en rando est essentiel …

Imaginez, vous êtes en pleine rando avec des proches, tout se passe bien, il fait beau, vous êtes apaisé.

Sauf que tout d’un coup, une des personnes de votre groupe présente une violente douleur du rein gauche qui la fait se tordre de douleur. Vous êtes en pleine montagne, à 3 heures de marche de la première route sur laquelle on peut vous récupérer.

Que faites-vous ?

Vous l’avez compris, on va parler de la douleur et de sa gestion. Savoir gérer au moins a minima la douleur est un prérequis non négociable quand on part à l’aventure.

soulager la douleur en rando

Identifier les causes de la douleur

De très nombreuses situations peuvent générer de la douleur physique : brûlure (par le chaud ou le froid), coupure, traumatisme suite à une chute ou un coup, une cheville qui se tord, une crise de goutte, une tendinite, une fracture, une crise de calcul rénal ou une colique néphrétique, un pneumothorax…

On classe généralement l’ensemble de ces causes de douleur dans 2 groupes : 

  • Les causes évidentes sont par exemple une blessure avec une plaie, une brûlure, un traumatisme suite à une chute, la cheville qui vrille sur un mauvais appui, etc.
  • Les causes invisibles, celles qui sont internes et non directement compréhensibles par tous.

On le conçoit aisément, le premier cas sera souvent moins anxiogène que le second.

« Anxiogène », dites-vous ? La douleur ne peut pas être maîtrisée si on fait abstraction du stress qu’elle a provoqué. On y reviendra.

Quelle que soit la cause de la douleur, visible ou invisible, la prise en charge sera identique, ce qui est pratique !

médékit

Comment évalue-t-on une douleur ?

Très facilement, en une phrase :

« De 0 à 10, 0 représentant l’absence de douleur et 10 la pire douleur imaginable, à combien as-tu mal ? ».

Cette question permet de faire un premier bilan :

  • « J’ai mal à 3 sur 10 » : votre rando n’est peut-être pas finie.
  • « NEUFFF !!! » : allo les urgences.

Elle orientera également les premiers médicaments à administrer. De plus, elle permettra, point essentiel, de juger de l’efficacité de vos actions :

  • « Chérie, et maintenant ? » « C’est mieux, je suis passée de 5 à 2 » : Vous êtes un héros !
  • « Mon sucre d’orge, et maintenant ? » « C’est PIRE !!! J’étais à 4 et maintenant à 6 !! » : Vous n’avez pas assez lu Le Cercle APS !
soigner ami

Quels sont les dangers de ne pas calmer une douleur ?

Il faut bien comprendre une chose : les conséquences de la douleur sont pires que les possibles effets indésirables des traitements pour la calmer, dans le cadre d’une utilisation normale de ces médicaments.

En effet, la douleur va rapidement entraîner de nombreuses réactions corporelles néfastes telles que l’augmentation de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque (qui peut rapidement être problématique chez les personnes avec un cœur fragile). Elle provoque également un relargage massif de cortisol par les glandes surrénales, ce qui engendrera une nervosité et une agitation importante, pouvant rendre une personne imprévisible et dangereuse pour elle-même et pour autrui, un arrêt de l’hydratation et de l’alimentation, des malaises vagaux, etc.

Soulager la douleur en rando : traitements non médicamenteux

Il existe deux types de traitement de la douleur, les traitements médicamenteux et non médicamenteux.

Commençons par le non médicamenteux, car c’est le plus facile à rapidement mettre en place !

Pour soulager la douleur en rando, le froid, le chaud et un environnement calme sont vos meilleurs alliés avant d’envisager les médicaments

La température

Très efficace pour soulager notamment les genoux douloureux ou les spasmes intestinaux, on va utiliser du froid pour les articulations et du chaud pour les muscles.

Le froid va permettre de calmer l’inflammation articulaire tandis que le chaud va détendre les fibres musculaires et ainsi lutter contre les contractures.

appliquer froid pour soulager la douleur en rando

La poche de chaud ou la bouillotte est certainement l’un des moyens les plus efficaces de lutter contre les « dos bloqués » (ou lombalgie aiguës).

À l’inverse, le froid pourra être utilisé chaque fois qu’il y a traumatisme. C’est l’exemple caricatural de la bosse sur la tête après s’être cogné contre le lustre trop bas de Mamie. Une bonne poche de glace et c’est guéri ! Il en est de même pour tout le reste du corps avec les fameux « bleus ».

L’environnement

Quand on a mal, la dernière chose que l’on veut c’est du stress autour de soi, du bruit et de l’agitation.

Une personne douloureuse doit être placée dans un environnement calme : les patients qui ont mal doivent être dans un lieu apaisant.

De la présence humaine : il est important que ces personnes ne se sentent pas seules dans leur souffrance, mais qu’on s’occupe d’elles (le fameux bisou magique des parents !).

La mobilisation musculaire et les massages

Cette dernière ressource thérapeutique non médicamenteuse est à discuter au cas par cas. En effet, je déconseille de mobiliser ou de masser un os fracturé…

Dans tous les cas où cette méthode est mise en place, il faut toujours respecter la règle de la non-douleur : la mobilisation et les massages doivent être doux. Le vieil adage qui dit « combattre le mal par le mal » ne s’applique donc pas à la douleur. Une douleur n’en efface pas une autre, tout simplement car les voies de la douleur du bras gauche et de la jambe droite, par exemple, ne sont pas les mêmes.

mobilisation musculaire pour soulager la douleur en rando

La synergie des traitements

Il faut comprendre ici la notion de synergie : mettre les patients dans un environnement calme et assurer une présence réconfortante en même temps aura plus d’impact que de réconforter le patient dans un environnement bruyant, puis de le mettre seul dans une pièce calme.

Chaque thérapie non médicamenteuse augmente l’effet des autres qui lui sont associées.

C’est également le cas pour certains médicaments, on parle de « potentialisation médicamenteuse ». Par exemple, du paracétamol utilisé en association avec de la morphine aura plus d’effet que l’addition de l’un et de l’autre pris séparément.

C’est enfin aussi vrai si on additionne thérapie médicamenteuse et non médicamenteuse. C’est ce que j’ai pu notamment observer lors de ma formation en soins palliatifs, où les thérapies non médicamenteuses sont au cœur du processus antalgique global.

Comprenez bien une chose, la douleur a cette particularité qu’elle fait peur. La douleur fait peur, peur que ça dure, peur que ça s’aggrave, peur que cela signe une mort proche. Vous ne pouvez donc pas traiter une douleur, surtout si elle dure dans le temps, sans prendre en charge le versant émotionnel qui s’en dégagera forcément.

Pour l’avoir vu, des paroles douces et prendre la main d’une personne qui a mal fait parfois beaucoup plus d’effet qu’un shoot de morphine.

Encore une fois, ne négligez pas le non médicamenteux.

Les traitements médicamenteux

Avertissement

L’ensemble des informations fournies ci-dessous ne s’applique pas aux enfants et est uniquement à caractère pédagogique. Il ne se substitue nullement à la consultation d’un professionnel de santé.

Les médicamenteux antalgiques (algie = la douleur, antalgique = contre la douleur) sont classés en 3 paliers : le palier I, II et III.

Ces trois paliers sont directement liés au degré de douleur. Ainsi, les médicaments du palier I sont utilisés pour des douleurs dites légères (encore une fois, ce classement est très subjectif, car la douleur est une expérience propre à chacun). Le palier II concerne les douleurs modérées, tandis que le palier III implique les douleurs sévères.

Il n’est pas possible de donner un exemple pour chaque situation, car LES douleurs avec leurs causes seront vécues différemment (exemple typique de l’accouchement qui est tellement conditionné par l’aspect psychologique/émotionnel que la douleur qui en découle nécessitera soit du palier I, II, III ou rien).

Du point de vue médicamenteux, le palier III correspond à de la morphine pure tout simplement. Il n’a pas beaucoup d’intérêt, car rares sont les personnes à en avoir dans leur trousse à pharmacie et, de plus, son maniement est très particulier, parce qu’il n’existe pas de dose maximale à ne pas dépasser, mais une prescription au cas par cas.

On va donc se concentrer sur les paliers I et II.

La liste suivante n’est pas exhaustive, mais ce n’est pas non plus son but ; ne cherchez pas à retenir 200 médicaments, en maîtriser un ou deux pour chaque palier sera largement suffisant.

Le palier I

Le palier I est représenté par le paracétamol.

On y inclut également l’Acupan, qui est un peu à part, mais que l’on considère généralement comme un apparenté du palier I, bien que son mode d’action soit encore assez incompris.

Anti-inflammatoires ou antalgiques ?

Les anti-inflammatoires de type Ibuprofène, Kétoprofène, Naproxène, Aspirine, etc., ne sont pas des antalgiques à proprement parler. Ils ne diminuent pas directement la douleur indépendamment de la cause, mais atténuent les causes de la douleur, donc agissent plutôt indirectement sur la douleur.

Les antalgiques sont des médicaments qui n’agissent aucunement sur les causes, mais uniquement sur les douleurs elles-mêmes.

paracetamol pour soulager la douleur en rando

Dosages

Pour un adulte, la dose maximale de paracétamol pouvant être prise est de 1 g toutes les 6 heures. 10 g de paracétamol ne calmeront pas plus la douleur que 4 g, mais en revanche vous perdrez votre foie, et la vie sans foie c’est compliqué ! Il est donc très important de respecter les dosages indiqués.

Pour l’Acupan, c’est une ampoule à boire (ou injection intramusculaire) toutes les 8 heures.

Pour les femmes enceintes ou allaitantes, je vous renvoie au site lecrat.fr que la plupart des médecins français utilisent quotidiennement. C’est un site ouvert à tous, fiable et très facile d’utilisation.

Sur la première page, il y a une barre de recherche, vous tapez le nom du médicament en question et une page apparaîtra avec les recommandations d’utilisation de ce médicament en cas de grossesse et d’allaitement.

N’oubliez pas qu’un professionnel de santé reste la meilleure ressource à consulter.

Le palier II

Le palier II maintenant : il s’agit de médicament entre le paracétamol et la morphine pure. On va en voir 2 : le tramadol et la codéine.

Quelques règles d’utilisation simples

Ces médicaments peuvent être associés au palier I, mais ne peuvent s’associer entre eux, on ne mélange pas les paliers II.

De plus, ces médicaments ne doivent pas être pris par des personnes de plus de 65 ans.

Dosages

Il existe deux formes de tramadol : une forme LP (pour « libération prolongée ») et une autre non.

La forme LP agit pendant 12 heures et permet de maintenir un niveau constant de médicament dans le corps pendant tout ce temps. On comprend donc aisément que la forme LP ne sera à prendre que deux fois en 24 heures (le matin et le soir, généralement).

L’autre forme est plus classique et agit pendant quelques heures, 6 ici.

On va rester simple et ne retenir que la forme classique, non-LP : 1 à 2 cp (comprimés) de 50 mg toutes les 6 heures en cas de fortes douleurs (attention aux contre-indications et effets indésirables, notamment celui de faire dormir).

tramadol dans mon kit de survie

Il n’y a en revanche qu’une seule forme de codéine, pas de forme à libération prolongée. Le médicament va agir pendant 6 heures et est le plus souvent directement associé au paracétamol dans un même comprimé : Dafalgan/codéine 500 mg/30 mg.

Prenez un à deux comprimés toutes les 6 heures en cas de fortes douleurs (attention aux contre-indications et effets indésirables, et ici faites bien attention aussi à ne pas dépasser la dose de 4 g de paracétamol par jour).

Antispasmodiques et anti-inflammatoires

On peut parler de certains autres médicaments fréquemment utilisés en cas de douleur, même si ce ne sont pas des antalgiques à proprement parler, car ils traitent une cause de douleur et pas la douleur elle-même.

Le Spasfon est utilisé en cas de spasmes intestinaux. C’est un antispasmodique qui a pour but de diminuer les contractions des muscles intestinaux. Ces contractions sont responsables de douleurs équivalentes à de fortes crampes.

Je ne parlerais pas des anti-inflammatoires ici, car autant le Spasfon peut être pris sans trop de risques, autant prendre du Kétoprofène avec une infection en cours peut vite dégénérer.

De manière générale, ne prenez jamais d’anti-inflammatoire sans qu’un médecin vous l’ait prescrit.

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En conclusion

Ne paniquez pas devant une douleur, quelle que soit sa cause. Évaluez-la (« de 0 à 10 ») d’abord, puis calmez-la en attendant les secours.

Si vous êtes sans médicament, gardez votre calme et pensez à soutenir la personne blessée (si ce n’est pas vous), appliquez du chaud/froid et/ou un massage selon le type de douleur.

Si vous disposez de médicaments, privilégiez ceux des paliers I et II.


Dr Yves H.
(médecin et co-fondateur de Soins Rando Survie)

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