La gestion d’une serre

Les serres ne sont pas totalement indispensables au jardin. Vous pouvez très bien faire vos semis dans la maison et cultiver des variétés rustiques qui n’ont pas besoin de températures élevées et qui résistent à la pluie.

Mais si vous en avez la possibilité, aménager une serre est un énorme atout et presque une nécessité en altitude et dans les régions froides. Elle vous permettra d’avancer les premiers semis à la fin de l’hiver et de prolonger vos dernières récoltes jusqu’à la fin de l’automne.

Voici donc les principaux types de serres, comment s’en servir au mieux et un focus sur le système de la serre tunnel, efficace et économique !

Les différents types de serres

On distingue deux principaux types de serres :

  • La serre à semis, pour réaliser vos semis ;
  • La serre de culture, pour planter et cultiver vos légumes.
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Le concept et la structure sont les mêmes, c’est l’aménagement de l’abri et l’usage qui changent. 

La serre de culture

Pour commencer, la serre de culture est la plus utile. Elle vous permettra de :

  • Hâter les cultures, c’est-à-dire accélérer la croissance des plantes pour récolter plus tôt et enchaîner plus rapidement les cultures suivantes (au lieu d’une seule culture de salade par exemple, vous pourrez intercaler une courte culture d’épinards avant, en tout début de saison) ;
  • Rallonger les saisons de culture, pour produire plus longtemps en fin de saison ;
  • Protéger vos cultures des intempéries, notamment le gel, la pluie, la neige et la grêle, qui pourraient faire moisir les plants, gorger d’eau les zones de culture, voire détruire certaines récoltes. (La grêle est particulièrement destructrice).

Une serre en climat chaud ?

Les serres sont surtout intéressantes, voire indispensables, pour les régions froides ou en altitude. Mais même dans un climat tempéré à chaud, elles sont très utiles et peuvent permettre de cultiver des variétés plus tropicales, comme le melon ou la pastèque.

La serre de culture devra être bien exposée au soleil, pour gagner rapidement en chaleur au printemps ou faire pousser des légumes qui apprécient la chaleur, comme les tomates.

Rien ne vous empêche, dans cette serre « de culture » d’installer temporairement une table pour vos semis. Mais si vous jardinez beaucoup, c’est intéressant d’avoir une serre spécifiquement dédiée aux semis.

La serre à semis

Dans votre serre à semis, vous pourrez installer une table et des étagères pour travailler et entreposer votre matériel, mais aussi :

  • Une table à bassiner. C’est une table creusée comme un bac dans laquelle on verse l’eau. Je n’arrose pas mes semis par-dessus pour encourager les racines à puiser l’eau du bac et à se développer en profondeur. Cela m’évite aussi de sur-arroser ;
  • Une cuve de récupération d’eau de pluie, alimentée via un tuyau relié au toit de la serre à semis, qui vous permettra d’avoir un stock d’eau à proximité des semis et d’augmenter le volant thermique de la serre : l’eau de la cuve se réchauffe le jour et la nuit, comme elle est plus chaude que l’air, elle contribue à maintenir une température douce dans la serre.

 

La serre à semis

Les semis sont particulièrement sensibles aux températures extrêmes et aux variations. Pour optimiser la chaleur de votre serre à semis, vous pouvez aussi :

  • Choisir un emplacement bien exposé au soleil mais surtout à l’abri du vent ;
  • Adosser votre serre à un mur en pierre, pour profiter de la restitution de chaleur (sur le même principe que la cuve d’eau) ;

 

Vous pourriez techniquement chauffer votre serre à 20 °C, mais ce n’est ni économique, ni écologique, encore moins stratégique puisque vos semis finiront par être plantés à l’extérieur où ils risquent d’être surpris par l’écart de température… Le mois prochain je vous expliquerai comment chauffer votre serre et protéger vos cultures du gel.

Les serres « fixes »

Une serre est constituée d’une structure (son « squelette ») et d’un matériau isolant et translucide. C’est principalement ce matériau qui va déterminer les caractéristiques de votre serre. Les serres « fixes » sont les serres dont la structure reste sur place toute l’année, contrairement aux serres tunnel dont je vous parlerai juste après.

Vous pouvez trouver différents types de serre, en fonction des matériaux utilisés.

Les serres en verre

Ces serres sont belles, mais très fragiles… Il suffit d’un gros orage, de grêle, d’un coup de pelle accidentel ou d’un recul de tracteur mal calculé pour casser votre serre. Il sera difficile de la réparer et les débris peuvent être dangereux.

serres en verre

Vous pouvez opter pour du verre trempé, plus résistant, mais les prix sont très élevés : plus de 2 000 € pour une serre de 11 m2 (neuve).

Si vous avez une vieille verrière sur votre terrain, tirez en profit ! Mais pour investir dans une nouvelle serre, ce n’est pas la meilleure option.

Les serres en polycarbonate

Le polycarbonate est un plastique isolant très léger et très résistant. Il ne craint ni la grêle ni les températures extrêmes (il tient très bien de -40 C à 120 °C). De plus, il se réchauffe rapidement et est facile à travailler vous-même.

Mais il se salit sous la pluie, se raye facilement et peut se déformer sous les vents très violents ou la neige (déneigez régulièrement !). Vous devrez le nettoyer de temps en temps pour assurer la bonne transmission de la lumière et le changer au bout d’une dizaine d’années lorsqu’il sera devenu opaque. 

Vous en trouverez deux types :

  • Le polycarbonate simple, une seule couche de plastique transparente ;
  • Le polycarbonate double ou « alvéolaire », plus ou moins épais.

Le polycarbonate double est le plus intéressant. Plus il est épais, plus solide et isolant, mais cher… Si vous en avez la possibilité, une épaisseur de 10 mm est idéale.

polycarbonate

Avec ce polycarbonate en nid d’abeille, veillez à bien fermer les extrémités pour que ni l’humidité ni les insectes ne s’installent entre les couches de plastique et installez une embase au moment de mettre en place la serre, pour optimiser son maintien.

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Les prix sont là aussi très élevés pour une structure neuve. Vous pouvez compter plus de 3 000 € pour une serre de 11 m2 en polycarbonate de 10 mm d’épaisseur.

serre polycarbonate

Les serres en plastique

C’est l’option la plus économique et la plus facile à bricoler vous-même. Vous pouvez construire la structure avec de simples palettes de bois de récupération, mais veillez à bien choisir votre bâche !

Privilégiez une bâche « professionnelle » avec un plastique spécialement pour serres et très résistant, de 200 microns idéalement. Évitez les plastiques de protection de sol qu’on trouve en magasins de bricolage. Ils se craquellent trop facilement et risquent de laisser des fragments s’envoler dans votre jardin (vous ne voulez pas avoir à les ramasser un par un…).

Évitez aussi le polyéthylène fin. C’est la solution la plus économique, mais elle n’est pas très durable et dans des régions froides, l’isolation ne serait pas suffisante (vous devriez utiliser deux couches).

Les aérations

Les serres achetées déjà construites en polycarbonate et en verre ont souvent de très petites aérations (quelques fenêtres en hauteur), insuffisantes pour aérer et rafraîchir la serre en été.

Même dans une région fraîche, une serre mal aérée risque de surchauffer et son sol va sécher très rapidement.

Les matériaux de récupération

Mis à part une bonne isolation, des matériaux qui laissent passer la lumière et des aérations pour éviter la surchauffe, il n’y a pas vraiment de règle pour construire une serre.

Faites avec ce que vous avez sous la main, cherchez des bons plans dans votre entourage, sur les sites de petites annonces et soyez débrouillard pour optimiser chacune de vos ressources.

Certes, le verre est cher à l’achat et fragile, mais si vous avez chez vous 15 vieilles fenêtres entassées sous le hangar, autant les utiliser ! Idem pour des bâches, du bois de récupération pour la structure, des tôles de PVC…

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Il suffit de quelques bottes de paille et de fenêtres de récup pour confectionner une serre de fortune. Même si ce n’est pas parfait, c’est déjà ça !

Les serres tunnel

Contrairement à une serre fixe couverte toute l’année, les serres tunnel sont éphémères. Le plus souvent, elles sont construites à base d’arceaux et d’un plastique qui peuvent être installés sur une ou plusieurs planches de culture, au-dessus d’un bac surélevé…

Ces serres sont faciles à construire soi-même et sont très économiques. Mais surtout, elles ont l’énorme avantage d’être très modulables. Vous pourrez soulever le plastique partiellement ou entièrement en fonction des températures et des précipitations et le retirer entièrement en hiver, le ranger pour le préserver des intempéries et prolonger sa durée de vie.

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Construire des serres tunnel

Comme sur la photo ci-dessus, vous pouvez construire des petites ou des grandes serres tunnel.

Pour les petits modèles à installer au-dessus d’une lasagne, vous pouvez vous débrouiller avec :

  • Des tubes en plastique creux, type tubes de canalisations, pour les arceaux ;
  • Des fers à béton au sol, pour faciliter l’installation des tubes ;
  • Une ficelle tendue sur le haut pour solidariser les arceaux et soutenir le plastique ;
  • Un plastique pour couvrir le tout.

 

Les grandes serres tunnel demandent une installation plus conséquente, vous pouvez en bricoler en partie ou les acheter toutes faites, neuves ou d’occasion. Prévoyez :

  • Des grands arceaux ;
  • Deux portes ;
  • Un large plastique ;
  • Des fixations « clips » pour le plastique.

 

Pour fixer le plastique au sol sur les grands côtés, vous avez plusieurs possibilités qui vont dépendre de l’exposition de la serre. Pour ma part, je l’ai simplement fixé en pincement avec des planches vissées dans le cadre de la zone de culture. Ce n’est pas l’option la plus résistante mais ça me suffit car ma serre est protégée du vent et ça me permet de le retirer plus facilement.

Si vous ne voulez pas prendre de risques, il est conseillé d’enterrer le plastique à 30 cm dans le sol sur les côtés. 

Le vent par exemple, peut arracher un plastique mal fixé s’il s’engouffre violement dans une serre. 

Faites attention quand vous choisissez l’emplacement. La neige peut déchirer le plastique voire même plier les arceaux si elle s’accumule sur une serre qui n’a pas suffisamment de renforts.

De nouveau, il faut adapter votre construction aux conditions auxquelles vous êtes exposé.

Investissez dans de la qualité !

Même s’il y a de grandes chances que votre serre tunnel ne soit pas déployée toute l’année, elle devra tout de même résister aux intempéries (vent, grêle, neige, gel, UV, variations de température…) et durer (montage, démontage, usure…). C’est pourquoi il est important d’investir dans du matériel de qualité dès le début, vous serez gagnant sur le long-terme.

Une serre tunnel de qualité coûte cher (beaucoup moins cher qu’une serre en polycarbonate ou en verre tout de même), mais vous pouvez facilement vous arranger pour trouver des bons plans autour de chez-vous, sur les sites d’occasion, etc. Mais méfiez-vous des prix trop attractifs, ils sont souvent signe d’une qualité moyenne, voire médiocre. Mieux vaut du matériel d’occasion de qualité qu’une serre toute neuve bon marché.

Lorsque vous la choisirez, faites surtout attention à trois éléments :

  1. Les arceaux, ils doivent être solides et dans des matériaux résistants pour ne pas se tordre ;
  2. Des renforts au faîte et sur les côtés ainsi que des contreventements pour éviter que la serre s’effondre.
  3. La bâche plastique, sur les mêmes critères qu’expliqués plus haut.

Gérer la température et l’humidité

La température et l’humidité sont deux facteurs clefs à toujours garder en tête pour vos cultures, ils détermineront la qualité de vos récoltes. 

La température

La température dans les serres, même en début de saison, peut monter rapidement. Pour éviter les excès de chaleur qui nuiraient aux cultures, pensez à aérer (plus la serre est petite, plus la chaleur monte vite) !

En été, une serre doit pouvoir s’ouvrir des deux côtés pour créer une circulation d’air.

Pour les petits tunnels, retirez le plastique le matin des chaudes journées et remettez-le le soir. Pour les grands tunnels, laissez les portes ouvertes pendant les chaudes journées pour créer un courant d’air, voire détachez carrément une partie du plastique pour ouvrir le tunnel lorsque les températures montent trop haut.

L’humidité

Avec la chaleur, le sol des serres a tendance à s’assécher plus rapidement. Soulever le plastique de vos serres tunnels lorsqu’il pleut permet donc de profiter de la pluie comme arrosage naturel ! Une serre ne doit pas vous dispenser de bien pailler vos planches de culture !

Refermez bien la nuit !

Une fois la journée ensoleillée passée, pensez à bien recouvrir vos serres tunnel pour protéger les cultures du froid de la nuit.

Concevoir l’ergonomie et l’emplacement des serres

Réfléchissez en amont à l’emplacement stratégique de votre serre et son ergonomie en considérant :

  • La proximité avec votre domicile, vous devrez vous y rendre très régulièrement pour aérer et arroser les semis ;
  • La proximité avec le point d’eau ;
  • L’installation des portes ;

L’interaction avec les autres éléments du terrain (coupe-vent, chaleur échangée avec les animaux, pour la ponte, etc.).

Attention à l’entretien du sol !

Un sol sous serre, coupé de la pluie et de la neige, peut s’appauvrir au fil des saisons. Pour éviter que cela se produise, pensez à l’ouvrir régulièrement pour permettre au sol de collecter la pluie et la neige.

Astuce : laissez la terre se gorger d’eau en hiver en retirant entièrement le plastique, c’est bon pour sa fertilité et pour éviter les invasions de campagnols attirés par les sols secs et meubles des planches de culture sous serre.

Pensez aussi à laisser le sol au repos de temps en temps. Lorsqu’on a qu’une serre, on a tendance à y cultiver les mêmes légumes chaque année, notamment les tomates. Pensez aux rotations et aux périodes de repos du sol.

 

Valentin

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