Au potager, chaque plante puise et apporte différents éléments et nutriments au sol. Si les mêmes cultures se succèdent sur une même parcelle, alors le sol s’épuise et perd en fertilité. Dans cet article, nous allons voir ensemble ce qu’est la rotation des cultures et comment maximiser les bienfaits de cette technique millénaire au jardin.
Qu’est-ce que la rotation de culture ?
Les rotations de culture, c’est l’alternance de différentes cultures sur une même parcelle pour conserver l’équilibre du sol et sa fertilité sur le long terme.
Elles fonctionnent sur le même principe que les associations de cultures mais dans la succession entre celle-ci et au fil des années.
Si vos zones de cultures font la part belle aux associations, ces rotations ne sont pas indispensables, mais sur des parcelles en monoculture, elles sont importantes ! Dans tous les cas, si vous voyez que vos légumes poussent mal ou qu’ils sont systématiquement attaqués par les maladies, il y a sûrement quelque chose à modifier dans vos pratiques.
Pour mettre en place une rotation de cultures, vous avez le choix entre deux méthodes :
Les jachères (couvertes)
Il s’agit de laisser une planche non cultivée une année sur deux ou sur trois, pour permettre au sol de se ressourcer.
Sur ce temps de repos, plantez des engrais verts ou laissez pousser les plantes spontanées qui permettront au sol de se rééquilibrer de lui-même.
Une planche de culture en pause permet de garantir la fertilité du sol sur le long terme et de diminuer les besoins en amendements.
Si vous n’avez pas suffisamment de surface pour laisser une planche complète en jachère, alternez les cultures !
Les rotations de culture entre les légumes gourmands et régénérants
Certains légumes sont considérés comme gourmands car ils auront besoin de beaucoup de nutriments du sol pour pousser. Les signes distinctifs d’un légume de ce type sont qu’il va devenir grand, faire rapidement une abondance de végétation comme la tomate, faire beaucoup de grosses feuilles comme le chou cabus ou le chou-fleur ou encore faire des très gros fruits comme la courge ou la pastèque.
Les légumes de taille plus modeste comme le radis, les épinards ou la mâche demanderont moins de nutriments dans le sol pour pousser.
Entre deux, on retrouve les légumes comme le poireau, la betterave, le chou-rave, la carotte, le fenouil qui auront des besoins moyens. Évidemment il ne vont pas se plaindre d’avoir un sol bien nourri mais dans la logique des rotations, il peuvent se contenter d’un sol sur lequel une autre culture est déjà passée.

Les légumes régénérants
Les légumes de la famille des fabacées dont font partie les pois ou les haricots, sont dits « régénérants » pour le sol. Ils possèdent une faculté propre à leur famille, celle de transformer l’azote gazeux contenu dans l’air ambiant en azote minéral, la forme assimilable par les plantes.
Bien que l’air contienne presque 80 % d’azote, les plantes ne peuvent pas se servir de cette ressource pour leur croissance, elle ont besoin de le trouver dans le sol.
Les fabacées font le lien entre les deux, on parle de plantes fixatrices d’azote.
Mais comment sont-elles capables de réaliser ça ?
C’est dans le sol qu’il faut aller regarder, car c’est à ce niveau que s’opère une étroite collaboration entre les racines de la plante et des bactéries. C’est un phénomène qui est visible à l’œil nu, lorsque l’on déterre délicatement un plant de haricot ou de pois, on pourra voir comme fixé sur les racines des petites excroissances en forme de boule. On les appelle les nodules ou nodosités, c’est là-dedans que vont proliférer les bactéries. Ces dernières vont profiter des ressources en sucre fournies par la plante et en échange elles vont apporter des acides aminés à cette dernière.
La plante crée des sucres par la photosynthèse, elle en a besoin pour faire ses fibres comme la cellulose qui lui permet de développer des tiges, des feuilles et des racines, etc. Néanmoins, dans cette collaboration avec les bactéries, elle peut dévier jusqu’à 30 % de ces sucres pour alimenter ses hôtes racinaires.
Les bactéries, quant à elles, créent des acides aminés qui constituent la base des chaînes de protéines. D’ailleurs, vous connaissez peut-être un autre nom pour la famille des fabacées ; les légumineuses ou plantes protéagineuses. Un terme qui ne vient pas de nulle part, ces plantes sont particulièrement riches en protéines. Que ce soit pour remplacer une partie de la viande dans un régime alimentaire, ou enrichir le fourrage du bétail, cette propriété a depuis longtemps été identifiée par l’homme qui l’a adoptée depuis des milliers d’années dans toutes les régions du monde.
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Mais qu’en est-il de l’azote ? Il se trouve que les bactéries, dans leur processus métabolique, utilisent l’azote gazeux absorbé par la plante et le transforme en ammoniac (forme d’azote assimilable par les plantes) dans la création des acides aminés. Ceux-ci se retrouvent dans les graines que l’on consomme mais aussi dans toutes les parties de la plante. Lorsque celles-ci se décomposent, cet azote est relâché dans le sol et se retrouve disponible pour les autres plantes aux alentours ou, au potager, pour la culture suivante. Dans les légumes fixateurs d’azote, on retrouve les haricots, les petit-pois, les pois mangetout, les fèves mais aussi les lentilles, le soja, les pois-chiche ou encore les arachides.
Dans les engrais verts, on retrouve également des légumineuses plus fourragères comme la vesce, le pois fourrager, la gesse, le trèfle ou encore la luzerne.
Certaines fabacées sont vivaces et trouvent tout à fait leur place dans les alentours du potager, je peux citer ici le lupin, la glycine, le genêt ou le cytise. chaque année en perdant leurs feuilles, ils alimentent doucement mais sûrement le sol en azote.
Cette famille est capable de pousser sur des sols très pauvres, c’est ce qui en fait une culture indispensable dans les rotations car elle peut succéder au légumes plus gourmands.

N’arrachez pas !
Après une culture de Fabacées, n’arrachez pas les plantes. Pour profiter pleinement de leurs bienfaits, laissez les racines en terre et couchez les tiges et feuilles sur le sol, elles serviront de couvert végétal et enrichiront le sol avec l’azote stocké dans leurs parties aériennes.
Les légumes de la même famille
Pour que le sol puisse continuer de nourrir vos légumes, c’est important de varier les cultures. Lorsque vous planifiez vos plantations pour la nouvelle année, vérifiez ce qui a poussé l’année d’avant et évitez de remettre des légumes qui appartiennent à la même famille.
Dans cette même logique on peut aussi faire attention à ne pas faire succéder plusieurs cultures de légumes feuilles ou légumes racines à la suite. C’est une autre manière de classer les légumes que j’avoue moins utiliser que celle de la classification par famille mais rester attentif que si vous faite une culture de radis (brassicacée) puis au même endroit des betteraves (chénopodiacée) puis plus tard des patates (solanacée) vous aurez effectivement varié les familles mais le sol va tout de même fatiguer. Vous aurez alors quand même des carences liées au légumes racines et potentiellement des problèmes de rongeurs.
La logique d’alternance des types de légume se ferait comme suit :
- légume fruit ;
- puis légume feuille ;
- puis légume racine ;
- puis légume graine (fabacée).
Personnellement je ne tiens pas compte de ce modèle en priorité mais je garde quand même à l’esprit cette classification.

Les rotations de culture
Si c’est la première année que vous faites un potager, ou que vous débutez sur un lieu, faire une culture (simple ou associée) par zone sur une année sera déjà un bon objectif.
Vous pouvez dans ce cas planifier vos rotations d’une année à l’autre. Si vous cultivez des tomates sur une zone, l’année suivante vous pourrez y planter des haricots. La troisième année, vous aurez à nouveau une zone prête à accueillir une culture gourmande comme des choux ou des courges.
Lorsque vous commencerez à bien connaître votre lieu et la durée de croissance des légumes que vous aimez cultiver, vous pourrez envisager de faire deux voire trois cultures successives dans une même année.
Quelques exemples de rotations de culture
Si vous n’avez pas de serre et que vous n’êtes pas dans un climat du sud, vous pouvez commencer les premières cultures au début du mois de mars. C’est par exemple le moment de planter des salades. Si vous préparez des plantons à l’avance ou que vous les achetez, vous gagnez deux à trois semaines mais vous pouvez aussi faire directement des semis en pleine terre à cette période.
Dans tous les cas, vos salades seront récoltées entre la fin du mois de mai et le courant du mois de juin. Vous pourrez alors enchaîner avec un semi de carottes, pour une récolte en octobre.
Ce sont des légumes moyennement gourmands et surtout qui n’auront pas les mêmes besoins, la carotte étant un légume racine de la famille des apiacée et la salade un légume feuille de la famille des astéracée.
Si vous choisissez de faire des épinards, en semant en mars, au plus tard à la fin mai, vous aurez de la place pour installer une culture de fenouil à récolter entre août et septembre.
Finalement, vous pourriez commencer en mars avec une culture de radis qui ont une croissance très rapide et pourront déjà être récoltés à partir de mi-avril. Vous pourrez enchaîner par un semis en pleine terre de maïs doux pour une récolte au mois d’août.
Dans le cas où vous bénéficiez d’un climat plus clément, ou alors que vous avez installé une serre, vous pouvez planter les premiers légumes à la fin du mois de janvier ou alors en février.
Pour ma part, je fais mes premiers plantons courant janvier et je les plante le plus tôt possible en février.
La première possibilité que je vous propose est de commencer avec des brocolis hâtifs. Ceux-ci seront prêts en juin, vous pourrez alors faire un semis de haricots. C’est un cas classique de rotation entre un légume gourmand puis un légume régénérant.
Une autre possibilité c’est de faire l’inverse, profiter de semer en février des fèves et d’avoir un sol bien nourri pour enchaîner entre juin et juillet avec une culture de choux d’hiver comme les choux de milan par exemple.
Si vous souhaitez faire trois récoltes sur une même zone dans l’année, vous pouvez vous orienter vers des légumes qui ont un temps de croissance plus court. Plantez des laitues de printemps en février, vous les récolterez au mois d’avril et vous pouvez directement enchaîner avec une culture de colrave d’été. Ils seront prêts entre juillet et août, il sera alors encore temps de faire une culture de mâche ou de radis d’automne pour des récoltes d’octobre et dans le courant de l’hiver encore pour la mâche.
Plus les légumes que vous cultivez sont gourmands, plus il faut être attentif aux rotations. Enchaîner une culture de choux fleur après une culture de courge puis l’année suivante mettre des tomates va trop solliciter le sol et vos plantes auront du mal à pousser.
Vous pourrez aussi cultiver les engrais verts pour permettre à une zone de se reposer et d’être réalimentée pour la culture suivante. Les mélanges d’engrais verts contiennent entre autres des fabacées.

Les engrais verts
Il en existe pour toutes les saisons, vous pouvez donc profiter de planter un mélange estival contenant du sarrasin, de la phacélie et autres fleurs mellifères, si vous partez en vacances et que vous n’avez pas le temps de vous occuper du potager ou simplement pour alléger l’entretien du jardin sur cette période.
Vous pouvez également commencer l’année avec des engrais vert précoces comme de la moutarde, du trèfle et de la vesce pour réveiller le jardin et activez la vie du sol avant d’implanter vos premières cultures.
Finalement, vous pouvez choisir de terminer la saison avec un mélange d’hiver contenant du seigle, des pois d’hiver et de la vesce. Au printemps, vous pourrez utiliser cette biomasse comme paillage une fois fauchée.
Si possible, il faut couper les engrais verts une fois qu’ils sont en fleurs, avant qu’ils ne fassent des graines. Vous pouvez utiliser la biomasse sur place ou dans le compost.
Pour ce qui est des racines, vous pouvez les laisser dans le sol et passer simplement un coup de grelinette avant d’installer des légumes en plantons. Ou alors choisir de les arracher si vous optez pour un semis direct et que vous avez besoin d’affiner le sol en surface.
Le potager ne s’arrête jamais ou presque, même en hiver, si vous avez une serre ou que vous êtes en climat doux, vous pouvez cultiver.
Si vous suivez ces conseils pour les rotations de culture, vous pourrez continuer de profiter d’un potager sain et productif, année après année.
Valentin