Dès la fin de l’hiver vous pouvez commencer à préparer vos semis, surtout si vous possédez une serre pour les protéger du gel.
Semer vos graines, repiquer vos semis, les arroser correctement, les planter en pleine terre au bon moment… Ce sont des gestes de base, mais avec quelques subtilités importantes qui doivent absolument être maîtrisées pour réussir vos cultures !
Voici comment vous y prendre, de la préparation du terreau à l’arrosage du plant en pleine terre.
Deux options
Vous pouvez soit semer directement en pleine terre ou bien préparer des plantons, c’est-à-dire, des semis qui vont grandir dans des pots avant d’être transplantés. Pour ma part je travaille principalement avec des plantons mais vous pouvez aussi privilégier le semis direct. Dans les deux cas, il y a des avantages et des inconvénients.
Préparer des plantons
Pour s’assurer de plus grandes chances de succès au démarrage de vos cultures, il est possible (sauf pour les légumes racines), de faire germer les graines dans des petits contenants. Cette méthode permet de mieux contrôler les conditions de culture pendant les premières semaines. Ainsi, vous pourrez déplacer les pots s’il fait trop chaud ou trop froid et mieux surveiller les quantités d’eau données et surtout vous mettrez les plantons à l’abri des ravageurs comme les limaces !
L’inconvénient de cette technique c’est que les plantes ont une moins bonne adaptation à la pleine terre parce qu’elles sont en pots et à l’abri.
Si les plantes sont habituées à être bichonnées, elles auront besoin d’une phase d’acclimatation avant d’être mise au jardin. Il faudra alors les sortir de la serre si c’est là qu’elles ont germé et les exposer au froid, au vent, à la pluie, pour qu’elles se renforcent. Souvent, je sors ma caisse de laitue (ou autre) sur une petite table dans le jardin le plus près possible de l’endroit où je compte les planter et je les laisse là une semaine.
Si on n’anticipe pas cette phase d’adaptation, les plantons vont être plus vulnérables au ravageur juste après la plantation. Une plante affaiblie envoie des signaux qui se repèrent de très loin par les limaces et c’est une des raisons qui explique que toutes vos jeunes plantations ont été dévorées lorsque vous arrivez au jardin le lendemain d’une transplantation en terre.
Semer en pleine terre
Si vous n’utilisez pas de paillage en couverture, semer en pleine terre est une méthode très efficace. Avec une couverture, les graines pourraient se perdre dans le mulch et germer hors de terre.
Les semis directs demandent moins d’infrastructure : vous préparez votre terre, vous semez puis vous recouvrez et c’est fini.
Les plantes seront évidemment plus vulnérables pendant les deux-trois premières semaines après la germination, car les toutes jeunes pousses attirent également les limaces et autres ravageurs, mais passé ce cap, ce seront des plans vigoureux et autonomes. Ils auront directement installé leur système racinaire en profondeur et ils auront pris leur marque dans cet environnement dès le départ.
Comme je veux garder ma couverture au sol en permanence, je préfère préparer des plantons pour m’assurer qu’ils aient une chance de s’implanter quand je les transfère sur une zone couverte de mulch.
Mais ces derniers temps, comme mes canards ont bien travaillé, j’ai de moins en moins de risque d’attaque de limaces. Je fais donc de plus en plus d’essais de semis direct en enlevant qu’en partie le paillage ou en semant les haricots, courgettes et autres grosses graines directement à travers le couvert.
Préparer la terre
1. Préparer le terreau
Le terreau désigne la terre fine que vous utiliserez pour préparer vos semis. Vous pouvez facilement le fabriquer vous-même, en mélangeant :
- 60 % de compost tamisé ;
- ≈ 25 % de terre végétale ;
- ≈ 15 % de matériaux allégeant (sable, fibre de coco…).
Le sable permet de drainer les pots pour éviter à l’eau de stagner en surface. En fonction de la teneur en sable de votre terre, vous pouvez augmenter ou réduire la proportion de matériaux plus fins.
Bien choisir son terreau
Si vous n’avez pas ces matériaux à disposition, vous pouvez acheter du terreau spécial semis. Il a l’avantage d’être stérile, ce qui limite l’apparition d’herbes indésirables autour du semis, mais il peut vite coûter cher et s’assèche plus rapidement. Un sac de 25 L vous permettra tout juste de remplir une caisse de semis.
2. Mettre en pot
Vous avez deux options pour mettre en pot vos semis :
Les godets
C’est l’option la plus répandue. Les godets sont des petits pots en plastique ou en papier. Pour préparer vos godets :
- Commencez par humidifier le terreau, dans un bac ;
- Remplissez-en généreusement le godet, comme un cornet de glace ;
- Tassez sans compacter. Si le terreau est trop compact, l’eau va stagner à la surface au lieu de s’infiltrer) ;
- Nivelez le godet.
Les mottes
Les presse-mottes sont des outils manuels qui permettent de former des petites mottes de terreau compactes pour semis, en une seule pression. C’est un très bon investissement pour économiser du terreau, gagner de la place (les mottes sont plus petites) et ne plus avoir besoin de godets.
Vous trouverez des modèles manuels de 4, 5, 10, 20 mottes et même plus.
Pour préparer vos semis avec un presse-mottes :
- Dans un bac, arrosez généreusement le terreau (pour fonctionner, le presse-mottes doit s’enfoncer dans un terreau bien humide et compact) ;
- Plantez le presse-mottes dans le bac de terreau et appuyez bien pour remplir les moules ;
- Sur une table ou directement dans une barquette, appuyez sur le presse-mottes et soulevez pour former les mottes.
Semer la graine
En pots
Une fois les godets remplis de terreau ou les mottes formées :
- Formez un trou avec vos doigts selon la taille des graines ;
- Placez-y la graine, sans l’enterrer plus profondément que 3 fois sa taille, pour les petites graines (salade, chou, fenouil) je mets deux ou trois graines et je sélectionne plus tard la pousse la plus vigoureuse ;
- Recouvrez de terreau ou d’une fine couche de sable passé à la passoire (pour les très petites graines) ;
- Tassez légèrement pour permettre à la graine d’être bien en contact avec la terre humide et non pas entourée par des poches d’air qui la feraient moisir.
En pleine terre
La plupart des instructions sont les mêmes pour les semis directs que pour les petits pots, les barquettes et les mottes.
Quand je fais des semis en pleine terre, je les fais souvent en ligne, je prépare un sillon plus ou moins profond en fonction de la taille des graines que je vais mettre et j’y rajoute du terreau avant de semer les graines. Plus les graines sont petites, plus le sol doit être affiné en surface pour que la graine soit bien en contact avec la terre.
Comme pour les plantons, vous pouvez humidifier la terre avant de semer pour éviter de disperser les graines en arrosant juste après le semis. Une fois les graines en place, vous refermez le sillon ou vous recouvrez avec une fine couche de terreau et vous tassez légèrement.
Par exemple, pour le semi de carottes, je creuse un sillon assez profond (~ 15 cm) avec un sarcloir et je le remplis avec un terreau contenant du sable pour moitié, j’arrose en premier puis je sème les graines, je rajoute une toute fine couche de terreau et je tasse avec le dos du sarcloir. C’est le seul semis pour lequel je creuse un sillon aussi profond, pour d’autres légumes comme les radis, les betteraves ou les navets, je fais un sillon de deux ou trois centimètres que je remplis avec du terreau, j’arrose, je sème les graines puis je saupoudre avec de nouveau un peu de terreau et je tasse doucement.
On peut également faire des semis « en poquet » c’est-à-dire mettre plusieurs graines dans le même trou. C’est ce que je fais pour toutes les fabacées car elles supportent très bien la proximité et ça donne des massifs plus denses et donc plus de récoltes au mètre carré.
Lorsque vous semez en pleine terre, il arrive que vous ailliez mis trop de graines au même endroit. Vous devrez alors éclaircir, c’est-à-dire arracher certaines plantes pour n’en garder qu’une tous les 5, 10 ou 15 cm selon les légumes. Faites-le assez vite après la germination, avant que les racines ne soient trop emmêlées avec les voisines car ce sera alors beaucoup plus difficile de ne pas tout arracher en même temps.
Pour éviter de déposer trop de graines au même endroit, vous pouvez les mélanger avec du sable (trois fois plus de sable que de graines), de cette manière vous pourrez être généreux dans vos pincées sans pour autant faire un semi trop dense.
Comment repiquer
Le repiquage est une étape optionnelle entre le semis et la plantation en pleine terre, qui consiste à séparer les jeunes plants d’un même godet pour les repiquer individuellement dans différents godets et leur donner ainsi plus d’espace de développement. Typiquement, lorsqu’on sème en barquette et que les plantules commencent à manquer de place il faut alors les séparer.
Le repiquage ne convient pas aux légumes racines parce que pendant la manipulation, la racine mise à nu risque de s’abîmer. Si on plie la racine d’un jeune plant de carottes, on obtiendra une carotte biscornue.
C’est souvent par manque de place qu’on adopte le repiquage. Dans ce cas-là, l’idée est de semer plusieurs graines dans une barquette ou même dans un grand pot de 2 L et de repiquer les pousses une à une par la suite. Il peut arriver que par inadvertance, plusieurs graines aient été semées dans le même godet, à ce moment-là, vous pouvez aussi séparer les plantules une à une en effritant délicatement la motte.
Aujourd’hui, j’ai optimisé l’espace sous ma serre à semis pour faire un maximum de semis individuels dans des mottes ou des petits pots mais pendant plusieurs années j’ai utilisé la technique du repiquage et je l’utilise encore pour les poireaux et les salades que je sème en janvier.
Voici comment repiquer :
- Préparez les nouveaux godets en les remplissant de terreau jusqu’à la moitié ;
- Au doigt, formez un trou au fond de ces nouveaux godets pour ménager un espace pour les racines ;
- Saisissez l’ancien godet avec les semis, placez vos doigts autour des jeunes plants pour bien les tenir et retournez le pot ;
- Défaites doucement la motte en l’effritant ;
- Séparez les jeunes plants en veillant à ne pas abîmer les racines à nu ;
- Délicatement et un par un, saisissez les plants avec 3 doigts, sans presser ni pincer la tige et le collet (la jonction entre la tige et les racines) ;
- Placez-les délicatement dans les nouveaux godets en posant les racines au fond, sans les abîmer ;
Ajoutez de la terre autour des racines et jusqu’au collet et tassez progressivement.
A savoir !
Pour repiquer et planter les laitues, oignons, poireaux, etc., n’enterrez pas plus haut que le collet. À l’inverse, pour les tomates ou les choux, il est bénéfique de bien les couvrir jusqu’aux premières feuilles.
Attention au soleil !
Au cours de la manipulation, ne laissez pas les jeunes racines exposées trop longtemps au soleil, elles pourraient brûler ! Préparez les nouveaux godets d’avance pour gagner du temps et si besoin, protégez les racines d’un peu de terreau sur votre plan de travail.
Le repiquage n’est pas indispensable, surtout si vous avez assez d’espace pour vos semis. Vous pouvez aussi éclaircir les semis en retirant les plantules en trop qui auraient poussé dans les mottes.
Le rempotage
Les légumes qui passent trop de temps dans un petit pot vont manquer de place et de nutriments, c’est surtout le cas pour les légumes que l’on sème en février ou en mars à la maison. Le pot ne suffit plus lorsque vous voyez les racines qui sortent dessous et qui commencent à s’emmêler. Il faut alors rempoter les plants dans des plus grands pots et rajouter du terreau frais.
Les tomates poussent vite et ont besoin d’être rempotées une à deux fois entre le semis et la plantation. Il m’arrive aussi de rempoter des courges ou des courgettes qui se seraient développées plus vite que prévu.
Comment arroser les semis ?
Le bon arrosage des semis est crucial. Le terreau doit rester humide sans être gorgé d’eau, vous devez éviter ce qu’on appelle la fonte des semis, quand la plantule moisit juste après avoir germé, voici comment vous y prendre :
Avant germination
Lorsque la graine est encore sous terre, la surface des pots de semis doit rester constamment humide. En fonction de la température et de votre terreau, vous aurez donc besoin d’arroser tous les soirs ou un soir sur deux. Arrosez régulièrement mais dans des petites quantités et vérifiez que le terreau ne soit pas sec !
Pour l’arrosage, le plus simple est de bricoler un arrosoir à semis avec une bouteille d’eau en perçant le bouchon de plusieurs petits trous. Vous pouvez aussi utiliser un vaporisateur, mais cette 2e option vous demandera plus de temps.
Personnellement, j’utilise des bacs sous mes godets dans lesquels je verse 1 à 2 cm d’eau, j’arrose par bassinage, c’est-à-dire par en dessous. Cela incite les racines à se développer verticalement.
Attention à ne pas sur-arroser !
Si des champignons blancs (moisissures) apparaissent sur la surface de vos semis, c’est sans doute le signe d’un sur-arrosage. Réagissez vite, laissez vos semis égoutter et saupoudrez-les de petites pincées de cendre de bois tamisée pour tuer le champignon et éviter la fonte des semis.
Après germination
Une fois le plant sorti de terre, vous pourrez espacer vos arrosages. Pour savoir si les semis ont besoin d’être arrosés, touchez la surface du terreau : si plus du 1er cm sous la surface est sec, arrosez.
Astuce
Pour habituer vos futures plantes à ne pas être constamment arrosées, commencez dès le stade de semis à espacer les arrosages et faites passer vos jeunes plantes par des petites étapes de sécheresse. Une fois en pleine terre, ces plants développeront leurs racines pour puiser de l’eau plus profondément dans le sol et seront plus autonomes.
Arrosez vos semis avec une eau à température ambiante, pour éviter les chocs thermiques. Un semi arrosé avec une eau trop froide peut subir une hydrocution. Préparez vos arrosoirs à l’avance pour laisser l’eau se tempérer.
Quand arroser ?
- Au printemps, le meilleur moment pour arroser est à la mi-journée pour éviter les gelées du soir ;
- En été, pour limiter l’évaporation, le meilleur moment pour arroser est le soir.
Je vous ai montré comment préparer vos semis sans vous préciser à quel moment semer vos graines en pots, en pleine terre ou transférer vos plants de la serre au potager. Cela dépend des variétés et de leur capacité à résister aux basses températures. Dans un prochain article, je vous parlerai de la limite des Saints-de-glace qui détermine quand semer et transplanter vos légumes en pleine terre.
Valentin