Plantations et associations de cultures en parmaculture

Le mois d’avril est une période particulièrement chargée au jardin, notamment à cause des plantations. C’est en effet le moment de mettre progressivement au jardin tous les semis qui sont resté bien au chaud en attendant que le sol du potager se réchauffe. 

Bien planter ces légumes, au bon moment et surtout en faisant les meilleures associations de cultures, est un élément essentiel pour espérer de belles récoltes plus tard dans la saison. 

Alors quand semer, quoi planter et comment ? Dans cet article je réponds à ces questions et je vous livre les associations de plantes les plus pertinentes. 

potager de printemps/

Le potager de printemps et les saints-de-glace​

Pour savoir quand faire vos semis de plantes potagères, nous allons faire une première distinction entre celles qui supportent le froid de début de saison et celles pour lesquelles le froid n’est pas tolérable.

Très tôt en début de saison, nous pouvons commencer à semer les légumes qui supportent le froid : 

Les légumes du froid

Les légumes du froid

Pour ma part, je commence les premiers semis de laitue, de poireau et de chou dans des pots à la maison en janvier. En février, je sème les fèves et les petits pois directement en pleine terre. En mars je continue en pleine terre avec les radis, les carottes, les salades asiatiques, etc. 

Au moment d’acheter les graines, je recommande de choisir des variétés précoces qui seront mieux adaptées à cette période froide.

Je fais les semis de janvier dans la maison mais dès que les plantules commencent à pointer le bout du nez, il faut impérativement les sortir dans une serre froide ou un autre endroit un peu protégé, autrement ils vont s’étioler à cause de la chaleur, on dit qu’ils « filent » : la tige s’allonge sans pour autant que les feuilles ne se développent et la pousse prend une couleur de plus en plus pâle. C’est particulièrement le cas avec les légumes qui préfèrent des températures entre 10° et 15°C pour pousser. 

C’est le rapport entre lumière et chaleur auquel il faut faire attention. À l’intérieur, même devant une fenêtre, la quantité de lumière par jour n’est pas suffisante surtout lorsque la température donne l’impression à la plante d’être en plein été. Il faut donc remettre les pendules à l’heure en mettant les jeunes semis dans les conditions réelles de la saison. Les légumes de printemps supportent tout à fait des températures qui descendent jusqu’à 2°C. En dessous il faudra quand même les protéger voire les rentrer de nouveau dans la maison pour la nuit, surtout si les plantules sont tout jeunes. 

Cette exposition au froid permet aux jeunes pousses de renforcer leurs racines et leur tige avant de faire des feuilles. Vous verrez qu’elles resteront plus au ras de la terre et que les feuilles, lorsqu’elles commenceront à se développer, seront charnues et prendront une belle couleur verte.

Si vous craignez pour leur résistance au froid vous pouvez aussi y aller par paliers et commencer à les sortir seulement la journée pendant 3 ou 4 jours avant de leur faire passer leur première nuit dehors. 

L’idéal c’est d’avoir une serre froide ou un petit châssis pour les abriter un minimum la nuit. Si vous n’en avez pas, vous pouvez trouver un endroit abrité du vent, le long d’une façade exposée au sud par exemple et si vous le pouvez, protégez les la nuit en mettant un bac en plastique ou un pot à l’envers sur vos petites barquettes de semis.

Les légumes du chaud

Les légumes du chaud

Parmi les légumes qui ne supportent pas le froid, certains ont une croissance lente et d’autres rapide. Pour les premiers, vous devrez aussi commencer les semis assez tôt mais contrairement aux légumes du froid, ceux-là auront besoin de rester au chaud dans la maison quelques semaines. 

Il s’agit des tomates, des aubergines et des poivrons ; ce sont des plantes qui ont besoin d’une longue période de croissance avant de se mettre à fructifier. Les autres légumes qui ne supportent pas le froid (haricot, courgette, maïs, etc.) pourront être plantés plus tard quand les derniers gels seront passés car leur croissance est plus rapide. 

Pour les aubergines et les poivrons, je commence les semis en février, pour les semis de tomates, j’attends le début du mois de mars. Je choisis un emplacement proche d’une grande fenêtre et je laisse les plants pousser jusqu’à ce qu’ils atteignent 8-10 cm environ, ce qui correspond au développement des deux premières vraies feuilles. À ce moment-là, je commence à les sortir les après-midis de grand soleil. Je les mets sur la terrasse où il y a une bonne exposition et où ils sont abrités du vent. Attention, contrairement aux légumes du froid, ceux-ci ne supportent pas les températures inférieures à 5°C. 

Lorsque les plantons ont atteint 12-15 cm, et qu’ils ont été habitués à être sortis régulièrement, vous pourrez les mettre dehors plus souvent et aussi plus tôt dans la journée. 

Ce protocole peut paraître long mais il permet de renforcer les plantons au maximum pour qu’ils soient assez vigoureux lorsqu’on les plantera au jardin. Vous remarquerez la différence si vous respectez cette méthode : la tige principale sera plus robuste, les feuilles seront épaisses et le plant aura une belle couleur vert-foncée.  

Chez moi, aux alentours du 15 avril, je sors tous les plantons de tomates, de poivron et d’aubergine de la maison et je les mets dans ma serre froide. Les risques de gel sont encore présents mais la plupart du temps les températures ne descendent pas en dessous de 5°C même la nuit. Si cela arrive, je mets mes lampes à pétrole en place et je les allume pour la nuit. S’il fait très froid, je mets un voile de protection en plus sur les plantons.

Le fait d’avoir renforcé les plantons avant de les mettre dans la serre maximise leur chance de supporter cette période sous serre avant d’être finalement mis en terre à partir du 15 mai.

Les saints-de-glace

A moins que vous habitiez dans une région au sud, vous serez vraisemblablement confronté au problème des saints-de-glace. Il s’agit des dernières gelées de l’année qui peuvent survenir jusqu’au 15 mai. C’est pourquoi, par précaution, on attendra que cette date soit passée avant de mettre en pleine terre les légumes qui craignent le froid. Attention, même s’il ne gèle pas, les nuits peuvent quand même fortement se rafraîchir et comme je le disais plus haut, les tomates, aubergine et poivrons pâtissent déjà des températures inférieures à 5°C. 

Certaines années le phénomène est plus fort mais quelles que soient les prévisions, je vous recommande de prendre vos précautions, ce serait dommage de perdre tous vos plantons d’un coup. Toutefois, si vous pensez que les risques de gel sont passés et que vous avez suffisamment de plantons, vous pouvez toujours en planter une première partie et en conserver une autre à l’abri. S’ils tiennent le coup, ils auront une longueur d’avance sur la saison, s’ils gèlent quand même, il vous restera d’autres plantons pour les remplacer. 

Pour les autres légumes qui craignent le froid (maïs, haricots, courges, courgettes, concombre, etc.) je fais une première partie des semis en avril dans la serre et ils profitent de la chaleur des lampes que j’allume pour les autres plantons dans le cas où le froid menacerait.

Vous pouvez très bien attendre la mi-mai avant de faire les semis de ces légumes d’été. Si je m’y prends plus tôt c’est uniquement pour qu’une partie des récoltes arrivent plus vite. D’ailleurs, je fais une deuxième série de semis dans le courant du mois de mai pour étaler la période des récoltes. 

Quand vos semis seront prêts vous allez pouvoir les transplanter des pots vers la terre. Si vous avez semer au bon moment, cette période devrait coïncider avec la fin des gelées.

Comment planter ?

Dès que le sol est dégelé, vous pouvez planter en pleine terre les premiers végétaux qui résistent aux gelées. Généralement, cela correspond au mois de mars, mais adaptez en fonction de votre climat et de la présence d’une serre ou non.

Voici comment vous y prendre pour planter, en 8 étapes !

Avant de vous lancer, commencez par vérifier que la terre ne soit pas trop sèche et arrosez si besoin, puis :

  1. Découvrez la planche de culture (pour les plus petits plants) ou formez un trou dans le paillage (pour les plus grands plants) ;
  2. Creusez-y un trou à la petite pelle à main ;
  3. Saisissez le godet et placez vos doigts autour du jeune plant pour bien le tenir ;
  4. Retournez-le et sortez-le du godet ;
  5. Placez le jeune plant dans le trou et tassez doucement, pour connecter les racines à la terre ;
  6. Ramenez de la terre et tassez pour former une cuvette autour du jeune plant et un monticule à sa base ;
  7. Repaillez légèrement autour du plant (surtout lorsqu’il est assez gros) pour conserver l’humidité et éviter la pousse des mauvaises herbes ;

Arrosez autour du plant, pour le déstresser et coller ensemble la terre et les racines. Les plantes sont perturbées par les déplacements et les changements de milieu. En connectant les racines à la terre de votre planche de culture, la plante va plus rapidement s’installer dans son nouvel environnement.

Former une cuvette et un monticule !

Former une cuvette autour du jeune plant et un monticule au niveau du collet. Le plant doit être comme juché au sommet d’une montagne. Après l’arrosage, l’eau retenue dans la cuvette, s’infiltrera vers les racines mais elle ne viendra pas stagner au niveau du collet fragile qui risquerait de moisir.

Former une cuvette et monticulture

Comment être sûr que les semis sont prêts ?

Pour être sûr que votre jeune plant soit prêt à aller en pleine terre, commencez par vous assurer que la météo convienne à ses besoins et qu’il ait été habitué en amont à la température extérieure (s’il est en serre, adaptez-le progressivement en le sortant quelques heures la journée).

Puis, lorsque vous le retournez, ses racines doivent avoir atteint le fond du godet, comme ici :

jeune plant retourné

N’attendez pas trop longtemps !

Si les racines commencent à tourner au fond du godet et à former un « chignon racinaire », la plante risque d’entrer dans une phase de latence, voire de monter en graines… N’attendez pas trop avant de planter vos semis en pleine terre.

Les associations de culture

La répartition de vos jeunes plants sur une zone de culture ne peut pas se faire complètement au hasard, quel que soit d’ailleurs la superficie dont vous disposez, que vous cultiviez une bande, une butte, une lasagne, un bac, etc.

Le principe de la polyculture

L’idée de la polyculture, c’est d’utiliser tous les espaces disponibles pour cultiver et récolter. Il y a une distance réglementaire à respecter entre les légumes d’une même espèce pour qu’ils puissent se développer convenablement. On observe 15 à 20 cm entre deux rangs de carottes ou encore 50 cm entre chaque chou, cela dépend des espèces. Concrètement, au lieu de laisser ces espaces vides, vous allez pouvoir y cultiver une deuxième variété compatible avec la première, ce qui permettra d’avoir deux récoltes sur une seule zone au lieu d’une ! Mais comment savoir quelles cultures associer ?

Lorsqu’on prépare le design d’une zone de culture, on réfléchit aux associations entre les différents végétaux. Les polycultures sont modulables et doivent être adaptées à votre terrain. Je vous déconseille de suivre les tableaux d’associations à la lettre, ils se contredisent souvent et ne proposent pas forcément des associations adaptées à votre contexte.

Le plus important est donc d’expérimenter pour savoir ce qui fonctionne chez vous !

Les bonnes « compagnes » !

Des « bonnes compagnes » se protègent mutuellement des ravageurs et des maladies et ne rentrent pas en compétition entre elles. 

La règle principale en matière d’associations, c’est d’alterner les familles de plantes pour varier les besoins / apports au sol et éviter la propagation des maladies.

Le simple fait d’alterner les familles de plantes constitue une barrière naturelle efficace. Par exemple, un plant d’Amaranthe empêchera le mildiou de se propager d’un plant de tomate à l’autre, s’il est planté entre les deux.

Les plantes de la même famille puisent les mêmes nutriments dans le sol. Alterner les variétés d’une même famille n’est donc pas conseillé non plus. 

Les tomates et les pommes de terre sont de la même famille, elles auront les mêmes besoins, vont puiser dans le sol les mêmes minéraux et vont être sensibles aux mêmes maladies qui se transmettront très facilement d’un pied à l’autre.

Connaître les familles de plantes est donc un très bon départ pour apprendre à associer.

Pour vous aider, voici un tableau récapitulatif :

Le tableau des « familles »

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Les associations « néfastes »

Sur un sol riche et nourri, en respectant les distances entre les légumes, en associant correctement, il n’y a aucune compétition entre les légumes pour les nutriments et l’eau. Mais la compétition s’exerce encore pour l’espace. Pour anticiper, il faut connaître la taille des végétaux à l’âge adulte, ce qui viendra par suite d’expérimentations. Un feuillage de courge peut faire de l’ombre à une autre culture et l’empêcher de se développer. Quand j’associe un légume aux courges, je fais en sorte qu’il grandisse avant ces dernières.

Les associations néfastes sont principalement dues à une « compétition » entre les légumes au niveau :

  • Racinaire, avec une compétition pour l’espace dans le sol ;
  • Aérien, les feuilles entrent en compétition pour l’espace aérien et l’accès à la lumière.


Pensez aussi à associer vos légumes et vos fruits, aux fleurs et plantes aromatiques. Elles permettent d’attirer les auxiliaires et de brouiller les pistes des insectes ravageurs.

Les fleurs et les aromatiques

Associer des fleurs et des aromatiques à vos cultures de légumes et fruits permet d’attirer les auxiliaires et de brouiller les sens des insectes ravageurs

On peut les diviser en deux grands groupes :

  • Les vivaces (ex : romarin, thym, mélisse…) ;
  • Les annuelles (ex : persil, aneth, basilic…).

Astuce

Les vivaces sont des plantes « perpétuelles » qui peuvent résister aux 4 saisons et qui repoussent chaque année, pensez à les planter aux extrémités de vos zones de culture ou en périphérie pour ne pas gêner l’accès au centre des zones de culture.

Ne plantez pas les vivaces au milieu des zones de cultures pour annuelles, ça vous compliquerait le travail au jardin !

Exemples : 

  • La tagète (œillet d’Inde) plante compagne au fort parfum à associer avec des tomates, elle éloigne les nématodes (des vers ronds) ;

Le ricin, il éloigne les rongeurs.

Astuce

Fleurir le jardin avec des végétaux à forte croissance, comme les amarantes, tournesols, ricins… en plus d’attirer des auxiliaires, permet de constituer une bonne réserve de biomasse, c’est-à-dire de matière organique fibreuse utilisable en paillage et compost. 

Cette matière va ensuite créer de l’humus, enrichir le sol et augmenter sa fertilité.

Je vous ai donné toutes mes techniques pour planter et associer vos cultures en vue d’avoir de bonnes récoltes, mais cette promesse dépend aussi de votre terre et de votre situation, ensuite, c’est du cas par cas. Faites des essais et adaptez années après années ! 

 

Valentin

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