Comment réaliser son compost

Le compost est un mélange décomposé de déchets organiques. Il vous permet de recycler vos déchets tout en produisant une précieuse ressource pour enrichir le sol.

L’automne s’installe et l’activité de votre potager ralentit. C’est le moment d’employer votre temps libre à mettre en place un compost nourrissant ! Il vous faudra plusieurs mois de décomposition avant qu’il ne soit mûr et prêt à l’emploi. 

À moins d’utiliser la technique accélérée du compost « à chaud », prêt en seulement 25 jours, l’idéal est de débuter à l’automne pour avoir un compost bien mûr au printemps, au moment de relancer votre potager ! Nous allons voir les deux méthodes ensemble.

compost classique

Réalisation d’un compost classique

Le temps de préparation

On peut commencer un compost n’importe quand, mais il faut plusieurs mois de décomposition avant de pouvoir l’utiliser.

Pour un grand compost, sans brassage, comptez 7 à 8 mois avant qu’il soit suffisamment mûr. Mais un plus petit compost brassé régulièrement se décompose et mûrit plus rapidement.

Choisir l’emplacement

Choisissez une zone à l’ombre, les matériaux ont besoin de rester humides pour bien se décomposer.

Pour définir l’emplacement stratégique du compost sur votre terrain, privilégiez la proximité avec la zone d’habitation pour y apporter vos déchets tous les jours (je vous reparle du design de votre parcelle dans l’article du prochain numéro).

La structure du bac

Vous avez le choix entre deux grands types de compost :

  • À même le sol, simplement encadré de planches. Très pratique pour les grands composts, mais une partie des nutriments et minéraux se perd directement dans le sol ;
  • Dans des bacs fermés d’1 m3, en bois ou plastique (un ou plusieurs bacs en fonction des besoins).

L’essentiel pour la structure du compost est :

  • Des bords ajourés pour laisser passer l’air (espace entre les planches, trous dans le plastique, etc.) ;
  • Un couvercle, pour protéger le compost de la pluie et prévenir le ruissellement pour conserver les nutriments et minéraux.

Récupérer les jus du compost

Avec un compost au fond étanche, vous pouvez récupérer les jus qui s’accumulent au fond et en arroser directement le sol ou les intégrer à des recettes de purins fertilisants.

Que mettre dans son compost ?

Respecter l’équilibre carbone / azote

Comme pour le paillage, il faut respecter un bon équilibre entre matières sèches carbonées et matières fraîches azotées.

Si vous manquez de matière carbonée au jardin, vous pouvez garder une réserve de paille ou de BRF (Bois Raméal Fragmenté) à proximité du compost. Le BRF est un matériau très riche en carbone, en apporter au jardin est donc très intéressant pour favoriser la création d’humus.

Plus les matières fibreuses sont épaisses, plus elles mettent de temps à se décomposer et plus le tournus du compost est long, prenez-le en compte ! Le tournus désigne le temps de décomposition nécessaire aux déchets organiques pour se transformer en engrais prêt à l’usage. Donc si vous avez du bois assez épais que vous n’utilisez pas, pensez à le broyer avant de le mettre au compost.

Lancement et entretien

vérifier qualité du sol

Lorsque vous lancez votre compost :

  1. Commencez par une couche de matières fibreuses au fond pour absorber les jus ;
  2. Ajoutez les matières fraîches (épluchures, tonte fraîche…) ;
  3. Tous les 30 cm de matières fraîches, rajoutez une couche de matières sèches et profitez-en pour brasser le compost.

Brassez !

Le “brassage” du compost active et accélère le processus de décomposition. Idéalement, on effectue un brassage complet une à deux fois par an. Si vous avez plusieurs bacs de compost, dès que le 1er est plein, transvasez-le dans le 2e pour brasser le tout et profitez-en pour récupérer le compost mûr au fond.

Les signes et les risques d’un déséquilibre

Si on apporte uniquement de la matière sèche carbonée, le compost ne se décomposera pas du tout. À l’inverse, un compost trop riche en azote sera trop humide, compacte, dégagera une mauvaise odeur et sera de mauvaise qualité.

Des aliments « interdits »

Théoriquement, tout peut aller au compost, même les agrumes et les restes de fromage ou de viande. Mais tout est une question de proportions et d’équilibre !

Ainsi, dans un petit compost (1 m3), évitez :
  1. Les agrumes, elles ralentissent le processus de décomposition ;
  2. Les restes de fromage et de viande, ils risqueraient d’attirer les rats dans les régions concernées par leur présence.

Dans un grand compost de plusieurs mètres cubes où le tournus est plus long, ces éléments peuvent être ajoutés en petites quantités.

Plutôt que d’ajouter du bois, des ronces et des déchets trop solides à votre compost, vous pouvez les brûler. En plus, vous ne risquerez pas de retrouver des épines dans votre terreau.

Les cendres

Vous pouvez utiliser la cendre au jardin. Elle est très intéressante car riche en potasse, un élément important pour les végétaux au stade de floraison et de fructification, mais aussi en calcium et en minéraux.

En automne, on peut l’épandre à la volée sur les zones de culture, mais avec modération (une poignée par m2), au risque d’acidifier le sol.

Cette technique demande plusieurs mois de décomposition, mais si vous voulez obtenir un compost prêt à l’emploi en seulement 25 jours, je vous conseille la technique du compost à chaud. Par contre, elle demande beaucoup de travail parce que vous devrez maintenir en continu l’activité des bactéries thermophiles pour accélérer le processus de décomposition.

Réalisation d’un compost à chaud

Matériaux

Vous aurez besoin de 3 éléments en proportions égales :

  • 1/3 de matières sèches ;
  • 1/3 de matières fraîches ;
  • 1/3 de fumier frais (volaille, cheval, bovin…).

Mise en place

Prévoyez deux emplacements et suffisamment de matériaux pour obtenir un tas de 1 m3 minimum.

  • Sur le 1er emplacement, formez le tas en alternant des couches successives de 20 cm d’épaisseur de chaque matière ;
  • Arrosez abondamment le tas jusqu’à ce que l’eau fuie par le bas ;
  • Couvrez le tas (il devrait commencer à chauffer au bout de 2 à 3 jours) ;
  • A partir du 3e jour, brassez-le quotidiennement : déplacez-le entièrement du 1er emplacement vers le 2e en inversant la disposition des matières (les matières du centre vont sur les bords et celles des bords au centre).


Au bout de 25 à 30 jours, votre compost est prêt.

Réutiliser la chaleur au jardin

Réutiliser la chaleur au jardin

La chaleur libérée par le compost au cours du processus de décomposition peut être utilisée et optimisée sous forme d’énergie naturelle au jardin !

Il existe différents systèmes, plus ou moins sophistiqués, que vous pouvez adopter.

Le tas de compost à chaud sous serre

Pour tempérer une serre en saison froide, vous pouvez former un tas de compost à chaud directement à l’intérieur. Préparez le tas à l’automne pour chauffer la serre l’hiver et maintenir une température stable la nuit.

Une bonne astuce : mélangez différents types de fumiers frais qui se décomposent à des rythmes différents. Le fumier de volaille se décompose plus vite que celui de cheval et de bovin. Utilisés ensemble, ils produiront de la chaleur plus longtemps.

Les couches chaudes

Les « couches chaudes » désigne une technique qui permet de démarrer les semis plus rapidement grâce à la chaleur dégagée par le compost.

En fonction de votre bac, vous pouvez par exemple couvrir le tas de compost chaud d’une bâche, y déposer les semis en mottes ou godets et couvrir le tout d’une vitre ou d’un plastique pour recréer une sorte de châssis.

Le chauffe-eau Jean Pain

Un système plus sophistiqué encore consiste à introduire un serpentin en cuivre dans le tas de compost ou à l’enrouler autour de votre cuve. 

En raccordant le cylindre en cuivre à un réservoir d’eau, l’eau va y pénétrer en étant froide et ressortir chaude grâce à la chaleur dégagée par la fermentation. 

En gros, c’est une sorte de mini « centrale bio-thermo-électrique ». 

Ce système va vous permettre de chauffer l’eau naturellement grâce à la chaleur du compost. Vous pouvez en faire un usage domestique pour la douche ou au jardin en chauffant le dessous d’une table à semis.


Le compost mûr permet de fertiliser les zones de culture et de préparer du terreau pour semis. Le terreau est obtenu en tamisant le compost puis en le mélangeant à de la terre végétale. Après avoir tamisé, remettez les branches encore dures sur le tas du compost.

engrais liquides

Les engrais liquides s’utilisent au départ des racines pour apporter les nutriments aux plantes. Inutile de les préparer en automne, ils ne se conserveraient pas jusqu’au printemps prochain. Tandis que le compost mûr, comme le fumier, peut s’utiliser dès l’automne, parce qu’il nourrit progressivement la terre.

Valentin

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