L’art de la diplomatie des crêpes dans les montagnes suisses

Aucun projet d’autonomie ne peut fonctionner sur le long terme sans le soutien de la communauté locale.

J’y suis personnellement arrivé avec des… crêpes bretonnes !

Quand j’ai débarqué dans mon petit village perdu des montagnes suisses, une de mes premières préoccupations a été de bien m’intégrer.

En tant que “frouze” (le mot péjoratif pour parler d’un français), ce n’était pas gagné.

Les premiers mois, ils avaient peur d’avoir comme voisin un “mec de la ville qui ne sait rien faire de ses dix doigts et qui écrit au syndic (le maire) pour se plaindre des bouses de vache sur la route.

Alors la première chose que j’ai faite, c’était de les rassurer, je n’étais ni citadin prétentieux, ni là pour leur casser les pieds.

Puis, j’ai commencé par gagner leur respect en retapant ma maison et en aménageant mon terrain.

Mais surtout, en étant toujours là après le premier hiver, certains m’ont avoué qu’il pensaient nous voir “repartir à la ville” au printemps 🙂

L’étape suivante a été de créer un vrai lien de partage et de confiance avec mes voisins.

Voici comment j’ai procédé.

Avant tout, mon constat !

Le meilleur moyen de bien s’entendre avec quelqu’un c’est de lui rendre service.

Je me suis donc mis à la recherche du meilleur service que je puisse rendre à mes voisins.

L’agriculteur fournit de la paille, du fumier et des coups de main avec son tracteur. 

Un de mes voisins est un super bricoleur, bien plus doué et outillé que moi (c’est lui qui m’a appris à souder).

Une voisine a des ruches et distribue régulièrement du miel.

La plupart ont un potager et s’échangent des légumes.

Mais étonnement, aucun d’entre eux n’a de poules.

J’ai commencé par distribuer mes oeufs

Je récolte plus d’œufs que ma famille n’en consomme, alors je me suis mis à en proposer gratuitement à mes voisins.

Mais seule la moitié a accepté avec plaisir.

Il y a deux problèmes avec les œufs :

  1. Tout le monde n’en mange pas régulièrement et n’a pas envie de s’embêter à modifier ses habitudes alimentaires.

  2. Ce n’est pas un produit à forte valeur ajoutée, ça ne coûte pas très cher (contrairement au miel de ma voisine).

Alors j’ai trouvé une autre solution.

Tous les weekends, je fais des crêpes pour tous mes voisins

Quand je me suis demandé comment améliorer la valeur de mes œufs auprès de mes voisins, la réponse est venue immédiatement : les crêpes.

Je suis très mauvais cuisinier, mais mon collège avait une crêperie tenue par les élèves, c’est là que j’ai appris (vive la Bretagne !).

Et ça marche du tonnerre, tous mes voisins sont fans de mes crêpes !

Alors tous les weekends, je prends les oeufs de la semaine que j’ai en trop pour faire une pâte à crêpes.

Ensuite je les distribue entre mes voisins en m’arrangeant pour qu’ils reçoivent tous une dizaine de crêpes tous les mois.

crêpes

Des petits gestes qui changent tout !

Des crêpes ce n’est pas grand chose, ça me coûte un peu de temps, de farine, de lait et de beurre (dans quelques mois, j’espère le faire à partir du lait des vaches du voisin).

Mais c’est un petit geste qui fait plaisir et qui donne en retour envie de partager.

C’est le début d’un cercle vertueux d’entraide entre voisins.

Quand tout se passe bien, ça simplifie la vie au quotidien et ça permet de passer de bons moments.

Mais en cas de rupture de la normalité, ça peut être vital.

Tu veux de bonnes relations avec tes voisins ?

Quand tu t’installes quelque part, avoir une bonne relation avec tes voisins est primordial.

Un excellent moyen d’y arriver est de leur fournir une ressource que tu produis toi-même, et qu’ils n’ont pas :

  1. Trouve quelque chose que tu aimes et qu’aucun de tes voisins ne produit ;
  2. Améliore-le si nécessaire (oeufs => crêpes) ;
  3. Concentre-y tes efforts et spécialise-toi la dedans ;
  4. Partage.

Ça peut être n’importe quoi, des gâteaux, du bois de chauffage, du poisson, des légumes…

Si tu as suivi la formation Permaculture : Autonomie & Résilience, tu sais que c’est aussi un des premiers conseils que donne Valentin. 

C’est grâce à son réseau d’entraide qu’il a pu lui aussi réaliser d’énormes économies et aller aussi loin dans son projet.

Prépare-toi !

 

Antoine,

Apprendre Préparer (Sur)vivre

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