En apiculture, vous aurez des mois creux et des mois bien remplis, les soins que vous devrez apporter à vos ruches dépendent du rythme de vie de vos abeilles (de votre région, des saisons et des températures annuelles donc), mais le gros de votre travail d’apiculteur se fera entre avril et octobre. Voici un rapide aperçu de ce à quoi ressemblera votre année type d’éleveur :
De novembre à janvier : l’hivernage
Vos abeilles se reposent, il n’y a pas grand-chose à faire au rucher, en janvier vous pourrez commencer à vous préparer pour le printemps. Vos tâches se résument à vérifier l’état des ruches, de votre matériel et à protéger si besoin les ruches du froid et de la neige.
De février à mars : la ponte
En fonction des températures (et de l’arrivée des premières fleurs), la reine commence à pondre. Vous pouvez observer et vérifier que tout aille bien : est-ce que les réserves de miel sont suffisantes ? est-ce que la reine est toujours en forme ? est-ce que les colonies sont bien installées ? En fonction des réponses, vous pourrez avoir besoin de nourrir les abeilles, changer une reine, « reconstituer » une colonie, traiter contre un parasite (ex : varroa), etc.
A titre personnel, je donne toujours du sirop aux abeilles à partir de mi-mars (50 % eau 50 % sucre) à raison d’environ 1,5 litre par semaine pendant 3 semaines, cela stimule la ponte et permet donc un développement plus rapide de mes colonies.

D’avril à mai : observez
C’est là que les abeilles commencent à vraiment s’activer, les fleurs sont plus nombreuses avec le printemps, les butineuses sont bien occupées et la reine pond de plus en plus.
En mai, les essaimages commencent, vous devrez les surveiller et vous assurer qu’elles aient suffisamment de nourriture. Nourrir un peu si besoin, changer une reine… toujours pour équilibrer les ruches et seulement si c’est nécessaire. Notre objectif est qu’elles soient les plus autonomes possible, vous les laissez tranquilles au maximum et vous économisez du temps de travail.
Sur mon rucher, les miellées de printemps, principalement de colza, permettent à mes abeilles de réaliser leurs réserves de miel pour l’hiver, elles remplissent alors des cadres du corps de ruche que je ne prélèverai pas, c’est ensuite que je pose les premières hausses qui me permettront de récolter le miel.
De juin à juillet
C’est le moment des premières récoltes de cadres operculés, remplis de miel (encore une fois, tout dépend des fleurs et de votre région). Comme pour les mois précédents, il faut observer mais ne surtout ne pas nourrir les abeilles car c’est la période d’abondance en fleurs.
Vous pourrez croquer directement les alvéoles, avec la cire plus le miel, ou juste les écraser avec un morceau de pain, pas besoin d’attendre la mise en pot pour goûter ! C’est un régal.

En Bretagne, dans ma région, la floraison des ronces et des châtaigniers est plus tardive, je me contente donc d’observer le remplissage des hausses de miel pour une récolte à mi-aout, voire fin août.
De juillet à août
C’est la fin de la saison apicole dans la plupart des régions, les dernières récoltes se font généralement mi/fin-août. Une fois la saison finie, vous devrez vérifier que les ruches soient bien peuplées et aient de bons stocks de nourriture pour passer l’hiver.
De septembre à octobre
C’est généralement les dernières sorties des abeilles avant l’hivernage, comme pour le mois précédent, il faut veiller sur les réserves de nourriture et le nombre suffisant d’abeilles au sein des ruches (nécessaire pour assurer une température suffisante à l’intérieur).
Maintenant que vous avez une idée globale du fonctionnement d’une ruche et de l’activité d’apiculteur, voici les étapes par lesquelles vous devez absolument passer avant de vous lancer, au risque de faire des erreurs qui pourraient vous coûter cher…
Étudiez la faisabilité de votre projet
Avant de vous lancer dans ce projet, 4 contraintes sont à prendre en considération :
1. Le choix de l’emplacement de votre rucher
Un bon emplacement pour ruche est :
- Facilement accessible (vous devez pouvoir installer, nourrir les abeilles, apporter les soins et les travaux nécessaires et récolter le miel sans difficulté) ;
- Près d’un plan d’eau ;
- Près de variétés mellifères abondantes et diversifiées (nectarifères ET pollinifères) ;
- Suffisamment grand pour accueillir de potentielles nouvelles ruches les années suivantes ;
- Éloigné des potentiels risques, pour les humains et pour vos abeilles (les lieux trop fréquentés, les écoles, les champs en agriculture intensive avec épandage de pesticides et insecticides, les lignes haute tension, etc.) ;
- Bien orienté, sud/sud-est pour un ensoleillement optimal et avec une entrée protégée du vent ;
- Surélevé, sur des parpaings ou des palettes, pour protéger de l’humidité et des prédateurs (attention à l’aération sur le dessous).
Les abeilles butinent dans un rayon de 3 km, mais elles seront bien plus productives si elles trouvent le nectar et le pollen dont elles ont besoin dans le 1er km, surtout si les conditions météo sont mauvaises (froid, vent ou pluie).
Pensez donc à vérifier la proximité d’une forêt (châtaigner, érable, lilas, tilleul, etc.), de jardins fleuris, de ronces, etc. car une abeille butine plusieurs milliers de fleurs par jour. Alors si vous pouvez, plantez ! Certaines plantes sont très intéressantes pour vos abeilles (source de nectar et de pollen) et pour vous, exemple : le noisetier, le framboisier, la lavande, le thym, le tournesol, etc.

Un jardin en fleurs toute l’année
L’idéal est d’étaler les floraisons pour couvrir l’année en choisissant des variétés qui fleurissent tôt dans l’année, comme le noisetier (qui peut fleurir dès janvier et constitue une très bonne source précoce de pollen), au printemps, en été et des variétés plus tardives, comme le framboisier, qui peut fleurir jusqu’à octobre, ou l’arbousier, jusqu’à décembre.
Dans une démarche d’autonomie, les variétés qui produisent des récoltes en plus de nourrir les abeilles sont optimales, vous en sortez doublement gagnant : vous nourrissez vos abeilles et leur pollinisation vous donne de meilleures récoltes.
2. La règlementation
En France, les ruches peuplées doivent être entourées d’une clôture pleine ou d’une haie vive d’au moins 2 mètres de haut à une distance de minimum de 2 mètres des ruches (cf. art207 du code rural). Cette disposition permet de ne pas tenir compte des contraintes de voisinage.
En l’absence de clôtures ou de haies, vous devrez respecter les distances suivantes :
- Voie publique, propriété voisine : 10 m ;
- Bois, landes, friches : 5 m ;
- Établissement à caractère collectif (école, hôpital, administration, etc.) : 100 m.
Attention, renseignez-vous sur la réglementation qui s’applique à votre lieu de résidence, le préfet de votre région peut avoir modifié ces distances.
3. Les démarches administratives
Pour exercer l’apiculture, vous devez être déclaré auprès du ministère de l’agriculture, obtenir un numéro d’identification et déclarer l’emplacement de vos ruches et le nombre de colonie tous les ans.
Bonne nouvelle, toutes ces démarches se font en ligne en une seule déclaration et en moins de 5 minutes : https://mesdemarches.agriculture.gouv.fr/demarches/particulier/effectuer-une-declaration-55/article/declarer-des-ruches

4. Le montant de l’investissement
C’est sur ce point que beaucoup renoncent : vous allez devoir prendre en considération :
- Le coût de la formation ;
- Le matériel ;
- Les ruches ;
- Les colonies d’abeilles ;
- L’assurance.
Globalement, attendez-vous à un budget se situant entre 900 et 1300 € pour commencer avec 3 colonies, sans parler du matériel d’extraction de miel que vous pourrez louer ou acheter (entre 300 € et 400 € à l’achat).
Pensez aux associations d’apiculteurs !
L’adhésion à un GDSA (groupement de défense sanitaire apicole) ou une association d’apiculteurs, vous permettra de profiter d’achats groupés, d’emprunter du matériel et d’assurer vos ruches pour une somme modique. De quoi réaliser des économies et rencontrer d’autres apiculteurs avec lesquels vous pourrez échanger.
Ne ratez pas la première étape : Vous former !
C’est certainement le plus important. La première année, le seul investissement à réaliser est votre formation. On ne devient pas apiculteur en se limitant à lire un livre ou en regardant des vidéos, on devient apiculteur en acquérant du savoir-faire auprès de professionnels.
Quel que soit votre pays de résidence, vous trouverez des « Ruchers école » ! En France, vous pouvez contacter le GDSA de votre département pour trouver des formations à la découverte, à l’initiation ou au perfectionnement. Une formation coûte en moyenne de 250 à 350 € pour 4 jours, répartis sur plusieurs mois.
Sans formation, pas de ruches
J’insiste vraiment. Ne pas se former, c’est l’assurance de trouver des ruches vides au printemps suivant…
Ensuite, pour vous perfectionner, vous pouvez proposer vos services gratuitement auprès d’apiculteurs professionnels en échange de partage de savoir-faire. Attention, c’est un très bon complément mais ça ne remplacera pas une bonne formation de base.
Léo Edern