LES 5 CRITÈRES INDISPENSABLES D’UN ABRI EFFICACE

Notez que, si votre environnement proche joue déjà le rôle d’allié et qu’un abri n’est pas utile, vous aurez la chance de garder votre énergie pour autre chose (eau, feu, nourriture, repérage, avertir les secours, préparer un long déplacement…). Si ce n’est pas le cas, voici les principaux critères de l’abri optimal :

Hors d’air

Pour lutter contre la convection, votre abri devra être hors d’air. C’est-à-dire qu’il devra être totalement clos (hermétique) pour bloquer le gros du vent (convection). Même si factuellement le vent n’enlève que 3 à 4 degrés, c’est suffisant pour transformer votre agréable cocon à 20° C en un couloir de courant d’air à 16° C. De quoi gâcher une bonne nuit et ne pas récupérer.

Hors d’eau

Votre abri doit être hors d’eau pour lutter contre la conduction des gouttes d’eau ! Ces gouttes vous donneront froid en vous touchant, mais aussi car elles colleront à votre peau et vos vêtements et annuleront ainsi l’agréable couche d’air chaud créée par vos vêtements (et qui garantit votre chaleur intérieure).

L’eau et l’humidité, en plus du vent, impactent directement la température réelle ressentie. Mais il ne s’agit pas uniquement de lutter contre, vous DEVEZ profiter de la pluie, c’est une ressource en eau qui ne demande aucun effort à récolter, seulement un peu d’organisation : orientez votre toit de telle manière qu’il regroupe toute l’eau au même endroit (le fameux V de la feuille de banane par exemple).

orientez votre toit de telle manière

Hors chaleur / soleil

Autre critère, la protection face à la chaleur et au soleil. Si vous êtes au milieu de rien, une carcasse d’avion, de véhicule ou un rocher feront l’affaire. Mais si votre abri accumule la chaleur (dû à l’aspiration des radiations du soleil), il y de grandes chances pour qu’il soit incapable de vous en protéger. Une aile d’avion en métal en plein désert par exemple, sera brûlante, créera sous elle une zone très chaude, vous transpirerez, perdrez de l’eau, entrerez en déséquilibre hydrique = déshydratation = la mort.

Privilégiez les zones d’ombre pour construire votre abri, cela limite aussi la pluie et la neige reçues, ainsi que la puissance du vent (mais attention aux chutes d’objets). Dans tous les cas, votre abri devra couper la puissance de la chaleur ambiante.

Le couloir d’air rafraîchissant !

Pour lutter contre la chaleur, pensez au couloir d’air sur le haut de l’abri (le long du toit côté intérieur) ! En journée chaude, il fera fonction de couloir venteux (en accélérant, l’air refroidit et crée une sensation de vent frais). Idéal pour lutter contre la condensation. Dans un désert ou une jungle, ce sera appréciable et, tant qu’à faire, vous pourrez placer votre récipient d’eau dans cet espace pour le rafraîchir.

Hors froid

Au niveau des éléments, votre abri sera obligatoirement hors froid. Le froid viendra de trois façons :

  1. Le vent, s’il rentre, il fera forcément froid (c’est le concept de convection, dont je vous ai parlé plus tôt). Donc on bloque cette source de mal-être corporel ;
  2. La température ambiante, peu importe que vous bouchiez les trous de l’abri, le froid est présent dans l’air que vous respirez, c’est une fatalité avec laquelle il faut vivre. Il faudrait donc une source de chaleur pour lutter contre (le feu étant parfait car il permet de laisser un peu ouvert pour bien respirer, ne pas s’asphyxier et aussi repousser la condensation) ;
  3. Le contact de votre corps avec une matière froide ou humide, si vous avez bien suivi, vous reconnaissez ici la perte de chaleur par… conduction ! Il est donc impératif de couper ce lien direct par un matériaux isolant. Là, l’imagination seule est votre limite car il existe pléthore d’alliés dans la nature (mousse, branches, etc.).
froid

Les marins penseront à un gros cordage en chanvre, lové en serpent pour créer un genre de tapis (en plus, un petit bout de cordage en chanvre trempé dans un peu d’essence fera un bon allume-feu), même principe pour les grimpeurs et leurs cordes d’escalade (on aime les gaines plastiques qui brûlent très bien aussi). Les bûcherons penseront directement à des branches de sapin, les enfants auront l’idée de faire une litière en feuilles (attention, si elles sont trempées, fausse bonne idée).

Le mieux est de trouver directement un matériau sec, en nombre, facilement accessible et léger à ramener (on étale son manteau ou un poncho, on jette tout dessus, on fait un baluchon et on l’amène sur son couchage). Les fougères sont aussi une bonne initiation, mais attention à ne JAMAIS les arracher à la main, la fibre de leur tige coupe davantage que les bords d’une feuille A4 de bureau. Toujours les couper au couteau ou les fouetter avec un bâton à distance (peu efficace en rendement énergétique…).

Hors danger

Ce sont les animaux prédateurs qui pourraient vous avoir mis sur leur menu. C’est rare, mais en plein hiver ou sur un individu marginal qui y a déjà goûté dans d’étranges circonstances inexpliquées, c’est fort probable. Surtout si vous êtes isolé ou blessé (l’odeur du sang rend les prédateurs affamés moins raisonnables). Au niveau de la flore, je pense à des spores toxiques de plantes ou champignons, des plantes vénéneuses (sumac…) qui ne pardonnent pas si on dort dessus ou en plein milieu.

 

En résumé, notre cahier des charges sera un abri :

  • petit pour conserver la chaleur ambiante (Z3) ;
  • imperméable pour lutter contre l’eau du ciel et le vent des côtés (murs) ;
  • isolé du sol pour éviter de vous vider de votre chaleur en essayant de dormir ;
  • chauffé si possible (soit entre survivants, ce n’est pas le moment d’être farouche les amis, soit avec un feu, une source d’eau chaude, de la lave, un moteur quelconque, une bougie, une lampe à pétrole…) ; 
  • fermé aux dangers animaliers si présents dans la zone, le mieux étant de NE PAS construire l’abri sur un lieu de passage ou de vie immédiate des animaux dangereux (cela reviendrait à poser sa tente au milieu de l’autoroute).

Renan Le Quellec

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